Gérer les risques pour obtenir des résultats prévisibles

Le concept de gestion des risques n'est pas nouveau en soi, mais ses principes et la rigueur avec laquelle ils sont appliqués ont évolué avec le temps. Il ne fait aucun doute qu'on accorde aujourd'hui beaucoup plus d'attention aux risques associés aux projets de construction. Ce changement est vraisemblablement le résultat des leçons apprises au fil du temps et des expériences négatives.

Les risques des projets, quelles que soient leur nature et leur envergure, doivent être évalués correctement. Idéalement, cet exercice doit être effectué dès le début de la phase de planification et répété tout au long du cycle de vie du projet. La première étape consiste à comprendre les risques précis d'un projet et à élaborer un plan et une stratégie d'exécution pour les atténuer. L'objectif de la gestion des risques est de garantir les résultats et d'éliminer toute surprise.

En construction, une gestion des risques inadéquate peut causer de graves ennuis, par exemple si on constate la présence de mauvaises conditions géotechniques une fois les travaux commencés. Une telle situation pourrait entraîner des retards importants si des travaux correctifs s'avéraient nécessaires. Préparer des plans de redressement pourrait retarder l'échéancier du projet et faire bondir les coûts.

Un sondage de la Banque mondiale publié en 1985 révélait que 36 % des 64 projets hydroélectriques financés par la Banque avaient fait face à de sérieux problèmes géologiques causant des dépassements de coûts et des retards de construction importants. À l'époque, il avait été recommandé que les ingénieurs des banques présument que les coûts des éléments d'un projet pouvant être affectés par les conditions géologiques pouvaient augmenter de 300 %. En mettant en œuvre rapidement une solide stratégie de gestion des risques, il n'est plus nécessaire de prévoir des contingences aussi extrêmes. Une telle stratégie augmente les chances de détecter les difficultés possibles bien avant qu'ils posent problème, idéalement avant le début des travaux de construction. Les risques repérés tôt dans le processus peuvent être gérés rigoureusement tout au long du cycle de vie du projet.

L'approvisionnement est un autre domaine où la gestion des risques est essentielle. Obtenir les matériaux appropriés de bonne qualité et les mettre à la disposition des installateurs et des équipes de construction au bon moment peut faire la différence entre un projet livré à temps et dans le budget prévu, et un projet avec des retards et des dépassements de coûts importants. Constater des problèmes de qualité sur le chantier augmente assurément les risques du projet.

Tous ceux qui participent à un projet de construction sont responsables d'atténuer les risques. Les propriétaires, les entrepreneurs et les consultants ont tous un rôle à jouer. Évidemment, chacun procède à sa façon. Les résultats sont toujours optimaux lorsque les risques sont gérés par ceux qui sont les mieux placés pour le faire. Parfois, ce sont les propriétaires, et d'autre fois, les entrepreneurs. Mais en règle générale, la gestion des risques est un travail d'équipe.

La perception d'un risque varie selon l'expérience de la personne, les outils d'atténuation des risques à sa disposition et la gravité de la conséquence potentielle. Cela dit, il est important que la tolérance au risque des diverses parties du projet soit la même, ou du moins, qu'elle soit bien comprise par tous. Sinon, le processus risque de s'effondrer.

La gestion des risques ne peut être efficace que si elle est encadrée par un processus officiel. Un registre peut être indispensable pour consigner les risques et trouver comment les gérer. Une fois le risque inscrit au registre, il est possible de le surveiller, de le réévaluer et de le gérer tout au long du cycle de vie du projet. Le registre peut aussi servir à énumérer les leçons apprises, qui peuvent guider les prochains projets de nature semblable.

La gestion des risques consiste essentiellement à évaluer la probabilité qu'un événement survienne et à déterminer le résultat probable. La meilleure façon de gérer certains événements, comme les catastrophes naturelles et les forces majeures, demeure probablement l'investissement dans une assurance. Habituellement, les diverses parties couvrent les imprévus touchant leur propre portée des travaux. Il est quand même nécessaire que tous les intervenants examinent le plan, comprennent le travail et essaient de voir où les différents groupes peuvent offrir la meilleure solution pour atténuer les risques de façon collective, et non individuelle. Cette méthode de travail est celle qui donne généralement les meilleurs résultats.

Nous avons eu un cas semblable plus tôt cette année. Dans le cadre du projet Chaudière dans la région d'Ottawa et de Gatineau, au Canada, nous avons fait face à un problème hydrologique bien précis concernant un batardeau et un bouchon rocheux. L'entrepreneur avait le mandat d'assurer l'assèchement du chantier. Mais cette année, un printemps particulièrement pluvieux et des inondations importantes ont amené des défis plus grands que prévu. Les risques d'inondation du chantier sont devenus plus sérieux. Comme de tels risques avaient déjà été envisagés, les équipes du projet ont réussi ensemble à gérer les difficultés liées aux débits de la rivière et à mettre en place des mesures additionnelles. La situation s'est résorbée, sans grande conséquence.

Les réussites comme celle-ci sont nombreuses chez Hatch. Il suffit par exemple de penser aux grands problèmes causés par la glace du projet Keeyask, au Manitoba, au Canada, ou encore aux sérieux problèmes de fuites du batardeau qui ont menacé de retarder une partie du projet de Muskrat Falls au Labrador, toujours au Canada, d'au moins un an. L'utilisation efficace d'outils de gestion des risques faisait souvent partie de la solution.

En gestion des risques, chaque participant du projet doit comprendre les risques potentiels et ses propres responsabilités. Mais surtout, c'est le travail d'une équipe entière, déterminée à travailler ensemble pour résoudre les problèmes et trouver des solutions correctives de façon proactive, qui garantit le succès d'un projet.