Pétrole, gaz et l'avenir de la transformation du gaz en liquide

By Sanjiv Save, Ph. D. | Le 7 septembre 2016

En 2013, j'ai publié un article intitulé Viability of GTL for the North American Gas Market (viabilité de la transformation du gaz en liquide sur le marché nord-américain)[1]. Mes collègues et moi y soulignions que les activités d’exploration et de production avaient multiplié par cinq l’approvisionnement en gaz de schiste entre 2006 et 2010.

À l'époque, on parlait d'une percée révolutionnaire qui pouvait potentiellement ouvrir de nouveaux marchés aux technologies de transformation du gaz en liquide.

Nous avons revu notre position, cette fois-ci dans le contexte de la publication des dernières données de l'Energy Information Administration (EIA). Les résultats nous ont surpris.

Aux États-Unis, la production de gaz de schiste a pratiquement décuplé entre 2007 et 2014, passant de 1,3 à 13,4 billions de pieds cubes. La tendance était incontestable et ne montrait alors aucun signe d'essoufflement. En un an seulement, de 2013 à 2014, la production de gaz de schiste a connu une fulgurante augmentation de 25 %. Cette situation a eu une incidence énorme sur les marchés mondiaux de l'énergie, particulièrement sur les prolifiques projets de gaz naturel liquéfié.

Un scénario semblable semble se dessiner au Canada et au Mexique, où les réserves non prouvées, mais techniquement récupérables sont estimées par l'EIA à 573 et à 545 billions de pieds cubes respectivement.

Voilà qui soulève une question économique fort intéressante. Si le gaz naturel retrouve un niveau de prix élevé, l'exploitation de ces réserves pourrait, en réalité, imposer un plafond des prix une fois que la production canadienne et mexicaine arrivera sur le marché. Les répercussions pourraient être majeures, car les estimations de ces réserves de gaz naturel ont sensiblement augmenté partout dans le monde grâce aux nouvelles technologies et innovations de l'industrie. D'importantes réserves de gaz de schiste ont été trouvées en Chine, en Argentine et en Afrique du Sud.

Loin d'être en reste par rapport au gaz, les réserves et la production d'huile de schiste ont également pris beaucoup d'ampleur. Combinées à la baisse observée de la demande mondiale en énergie, ces réserves ont contribué à garder bas le ratio du prix pétrole-gaz – trop bas pour le modèle économique qui rend les technologies de transformation du gaz en liquide viables du point de vue commercial.

Un autre facteur important distingue le gaz de schiste et l'huile de schiste : sa facilité de transport. To ship liquefied natural gas over large distances, we need a sophisticated logistics chain. Pour expédier du gaz naturel liquéfié sur de longues distances, nous avons besoin d'une chaîne logistique sophistiquée. Dans les endroits où il est difficile voire impossible de bâtir un pipeline, il nous faut trouver d'autres solutions. Aujourd'hui, la première étape consiste à avoir recours au refroidissement cryogénique. Ce dernier permet de réduire le volume de façon à pouvoir charger le gaz sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL) sur des navires spécialisés. La regazéification se fait au port de destination, où le produit est directement transféré aux pipelines terrestres qui l'acheminent ensuite aux consommateurs.

En comparaison, le pétrole est relativement facile à transporter. Ensuite, puisqu'il s'agit d'un produit qui fait l'objet d'un échange international, ses prix sont susceptibles, du moins plus que ceux du gaz naturel en Amérique du Nord, de remonter considérablement d'ici à ce qu'une usine commerciale de GNL soit mise en service après 2020. Les prévisions de l'Energy Information Administration (EIA) publiées en mai 2016, qui suggéraient une remontée du prix du pétrole de plus de 40 % entre 2018 et 2021, appuient cet énoncé.

Mais il y a pire encore. De 2021 à 2040, nous nous attendons à ce que le ratio du prix du pétrole brut par rapport à celui du gaz naturel soit de l'ordre de 22:1. Et ce, même si certains experts prévoient une augmentation du prix du gaz naturel de 20 % pour la même période.

Où, et surtout comment, tout cela se terminera-t-il? À quel point le ratio du prix pétrole-gaz peut-il monter et à quel moment s'équilibrera-t-il?

Un ratio pétrole-gaz élevé est un facteur positif pour l'avenir de la technologie du GNL en Amérique du Nord. Ce dont nous avons besoin désormais, c'est d'un financement pour construire les usines et les infrastructures, de façon à ce que davantage de produits de qualité supérieure soient offerts aux consommateurs qui attendent de les acheter et d'en tirer des avantages.

[1] Hydrocarbon Processing magazine, janvier 2013