Principales tendances du secteur de l’exploitation des mines et métaux en Afrique australe, partie 4 : tracer la voie vers la carboneutralité

By Khutso Sekgota and Herman Strauss | Le 13 décembre 2023

Cette série de billets de blogue en cinq parties explore la façon dont les dirigeants s’appuient sur cinq thèmes clés dans leur réflexion stratégique pour leurs entreprises : la croissance et la diversification du portefeuille, les outils numériques, la résilience dans un contexte commercial incertain, la transition vers la carboneutralité et l’optimisation de la valeur des dépenses en capital.

À l’échelle mondiale, de plus en plus de pays et d’entreprises s’engagent à atteindre la carboneutralité. Nous voyons des pays d’Europe de l’Est et d’Asie qui ciblent la carboneutralité d’ici 2060 alors que le reste du monde s’est fixé des objectifs pour 2050, y compris les pays d’Afrique australe. De nombreuses grandes sociétés minières ont fixé leurs engagements de carboneutralité pour 2050 et ciblent d’importantes réductions des émissions d’ici 2030. Les sociétés minières d’Afrique australe se sont fixé des engagements similaires. Les principales tendances à l’origine des mouvements mondiaux en matière d’objectifs découlent des pressions exercées par les intervenants, des facteurs stratégiques dans les emplacements opérationnels clés, des avantages concurrentiels pour des produits plus écologiques et de l’augmentation des exigences strictes des clients sur les marchés des produits de base.

Engagements de carboneutralité des pays d’Afrique australe

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Source : https://www.visualcapitalist.com/wp-content/uploads/2021/06/Race-to-Net-Zero-Carbon-Neutral-Goals-by-Country-Full-Size.html

À l’échelle nationale, nous prévoyons d’importants objectifs de réduction des émissions de portée 1 et 2 d’ici 2030 qui seront mis en œuvre en passant d’un niveau élevé d’émissions du réseau à des sources d’énergie renouvelable. La plupart des activités minières en Afrique australe se situent en amont dans la chaîne de valeur, où la décarbonisation de ces procédés sera essentielle pour répondre à la demande de produits verts. Au-delà de leurs propres activités, les sociétés minières subissent également des pressions pour réduire davantage les émissions de portée 3 en accordant une attention accrue aux possibilités de décarbonisation et aux développements dans l’ensemble de la chaîne de valeur.

Les entreprises mettent en œuvre leurs engagements au moyen d’initiatives à court, moyen et long terme. À court terme, elles accélèrent l’adoption de l’énergie renouvelable en raison de récents développements, par exemple le retrait du seuil d’autorisation de 100 MW en Afrique du Sud, ainsi que la rationalisation des processus réglementaires, y compris la production indépendante d’électricité et les accords virtuels d’achat d’énergie. Toutefois, il reste encore des défis à relever pour l’adoption à grande échelle des énergies renouvelables. Il s’agit notamment de composer avec les contraintes qui touchent la capacité et l’infrastructure du réseau, les fréquents changements apportés à la réglementation et le caractère intermittent de l’énergie solaire et éolienne, lequel pose problème lorsque l’on augmente la proportion d’énergie renouvelable.

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Il existe plusieurs façons pour l’industrie de débloquer la prochaine vague de projets renouvelables et de relever les défis actuels. Par exemple, passer de la production d’énergie renouvelable sur place à la production d’énergie renouvelable distribuée; gérer l’intermittence au moyen de technologies hybrides (p. ex., énergie solaire à concentration pour la chaleur industrielle, intégrée ou par roue, stockage de sel fondu ou stockage d’énergie sur batterie, etc.); mettre en œuvre des moyens d’influer sur la demande pour optimiser les profils de charge nécessaires à l’exploitation et favoriser une plus grande production d’énergie renouvelable; et collaborer avec les acteurs ou les agrégateurs de l’énergie renouvelable pour regrouper la demande.

De plus, on constate une adoption plus rapide d’initiatives d’efficacité des procédés comme la récupération de la chaleur résiduelle, l’utilisation de systèmes de gestion de l’énergie, notamment des commutateurs intelligents et des entraînements à vitesse variable, ainsi que l’amélioration du contrôle évolué des procédés et de la productivité.

Toutefois, certaines difficultés limitent l’obtention de la pleine valeur des initiatives d’efficacité des processus. Par exemple, le nombre élevé de projets liés aux procédés et à l’efficacité énergétique nécessaires pour réduire considérablement les émissions; les contraintes liées aux ressources et aux compétences spécialisées pour mettre en œuvre un grand nombre d’initiatives; les instruments insuffisants pour l’automatisation et la production de rapports sur la consommation d’énergie; les conflits touchant les priorités de financement; et les analyses de rentabilité marginales en raison des faibles coûts énergétiques (à l’échelle mondiale) et les incitatifs gouvernementaux et fiscaux limités.

Pour bénéficier pleinement des initiatives d’efficacité des processus, les entreprises devraient envisager d’adopter une approche orientée sur le carbone dans l’évaluation des projets, de faire appel à des équipes spécialisées pour orienter le portefeuille d’initiatives et d’élaborer un cadre d’évaluation et de priorisation rapides des occasions d’affaires.

En ce qui concerne les initiatives à moyen terme, les projets sur la courbe de coût marginal de réduction (CCMR) évoluent rapidement. Cette situation est attribuable au manque de confiance dans les estimations de capital, à l’évolution du paysage réglementaire et à l’évolution rapide de la technologie.

Courbe de coût marginal de réduction (CCMR)

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Pour contrer l’incertitude rattachée aux projets de durabilité à moyen terme, une rigueur accrue est nécessaire pour définir le projet et élaborer le dossier commercial en assurant une collaboration précoce avec les fabricants d’équipement d’origine et les partenaires de développement. De plus, les CCMR doivent être perçues comme étant dynamiques et en constante évolution, car les nouvelles technologies et les données financières actualisées des projets influent à la fois sur les décisions relatives aux points de contrôle et au portefeuille global des projets.

Les technologies de décarbonisation à long terme nécessaires pour atténuer les émissions difficiles à réduire sont peu développées, et d’importants investissements sont requis pour les rendre viables sur le plan commercial. L’évolution de ces technologies présente de longs délais, alors il est important de mener rapidement la recherche et le développement requis.

Il existe deux dimensions qui orientent l’approche potentielle d’une entreprise en matière de recherche et de développement. Premièrement, l’ouverture de la propriété intellectuelle, et ensuite, la capacité ou le désir de l’entreprise d’être un chef de file dans l’adoption de nouvelles technologies.

Quatre quadrants émergent de ces deux dimensions stratégiques. Les entreprises qui souhaitent agir comme pionnières dans un environnement fermé doivent investir dans la recherche et le développement, établir des partenariats avec les fabricants d’équipement d’origine ou adopter leurs technologies et celles des établissements de recherche. Celles qui s’engagent tôt sur cette voie doivent évaluer les partenariats avec des établissements de recherche dans un environnement fermé ou avec des équipementiers dans un environnement ouvert.

Il existe six dimensions que les entreprises devraient prendre en compte pour atteindre leurs objectifs de décarbonisation :

  • Des courbes de réduction axées sur des estimations réalistes et crédibles qui garantissent que les interdépendances sont bien prises en compte.
  • Une approche concertée en matière d’efficacité énergétique et de processus, de technologie et d’innovation. Des initiatives adaptées pour offrir une plus grande valeur et utilisant un avantage stratégique (p. ex. l’accès à des sources d’énergie renouvelable) avec des contraintes réalistes dans la chaîne d’approvisionnement locale.
  • L’évolution du modèle opérationnel de l’entreprise pour s’assurer que le programme de décarbonisation est intégré à ses principaux processus opérationnels.
  • La visibilité des flux de gaz à effet de serre (GES) sur le chantier et en première ligne.
  • Une gestion de la capacité qui permet aux cadres intermédiaires de mettre en œuvre des initiatives.

Communiquez avec Hatch pour en savoir plus sur la façon dont votre entreprise peut respecter ses engagements en matière de carboneutralité.

Dans la partie 5 de cette série de blogues, nous discuterons de la façon dont la récente hausse des dépenses en capital dans le secteur des mines et métaux a eu le potentiel de réduire la valeur et le taux de réussite des projets, et nous présenterons des approches que les équipes de propriétaires peuvent adopter pour relever ces défis.